Développer le pouvoir d’agir en protection de l’enfance, regards croisés avec le Québec

Le Québec a constitué un territoire innovant en matière de politique sociale, conciliant un agenda provincial en décalage avec les représentations et doctrines dominantes en Amérique du Nord d’intervention minimale, avec un champ théorique marqué par le renouvellement des paradigmes qui « permettent » de penser l’intervention sociale. 

L’œuvre fondatrice de Yann Le Bossé a en effet irrigué de nombreuses réflexions, à la charnière entre la théorie de l’action, et la traduction opérationnelle et pratique, dans des domaines variés. Le développement du pouvoir d’agir des personnes concernées (DPA – PC) s’inscrit ainsi dans une galaxie de savoirs tant théoriques qu’expérientiels, au Canada comme en France.

La Métropole de Lyon, dans le cadre de son Projet métropolitain des solidarités (PMS) a proposé, dès la phase d’élaboration préalable à l’adoption de ce document stratégique en mars 2023, d’inscrire cette approche au cœur de la réflexion globale orchestrée par la collectivité avec l’ensemble de ses partenaires. 

Cela s’est notamment traduit par l’inscription du DPA parmi les 7 engagements constitutifs de la vision portée par le PMS sur la période 2023-2027, en tant que mode de faire à mobiliser prioritairement. Concrètement, cette ambition passe par l’activation de plusieurs leviers : 

• Former largement les professionnels au développement du pouvoir d’agir
• Démultiplier le nombre d’actions collectives et innovantes pour amplifier les démarches de « faire avec » les personnes concernées
• Réinventer des espaces de participation des personnes concernées pour chaque politique publique

La Métropole a également cherché à infuser les principes et les modes d’action du DPA-PC, à travers des conférences grand public (Yann le Bossé pendant le « Printemps des solidarités »), des échanges avec les cadres enfance (Mohamed L’Houssni, passeur des « conférences familiales » néo-zélandaises et britanniques), ou des temps dédiés aux partenaires de la protection de l’enfance (Bernard Vallerie, formateur sur le DPA-PC et ancien éducateur spécialisé). Par ailleurs, elle expérimente de nombreux dispositifs (conférences familiales, ateliers collectifs de soutien à la parentalité animés par l’association Conciliabulles, sur la base du dispositif canadien « Y a personne de parfait ») étayés par les principes du DPA-PC.

L’objet de la conférence programmée au 9 octobre est donc double :

– Il s’agit d’abord de poursuivre une démarche d’acculturation et d’appropriation aux méthodes, expériences et questionnements, à travers la présence de professionnels québécois ressources, forts d’une expérience théorique et pratique. Leur venue à Lyon offre la possibilité d’une présentation de la déclinaison d’une démarche sur des dispositifs intéressant les professionnels de la protection de l’enfance, à savoir le développement des apprentissages à la vie adulte (DAVA) pour les mineurs s’apprêtant à devenir majeurs d’une part, et le soutien à la parentalité des pères isolés d’autre part.

– De plus, dans une démarche de transfert d’expériences, dans des configurations nationales et locales différenciées, il s’agit de proposer un temps de réflexion partagé sur les conditions de possibilité de réussite, les limites, et les adaptations nécessaires à mettre en chantier collectivement pour parvenir à dépasser les contraintes du quotidien dans lequel s’enserre l’action des professionnels. À ce titre, l’organisation de séquences d’échanges permettant de recueillir les expériences de professionnels formés au DPA-PC ou à certains de ses outils, ou les comparaisons entre le DAVA et ce que mettent en pratique les porteurs de projets métropolitains en la matière, doit favoriser l’hybridation du savoir et enrichir les pratiques de tous.